En finir au plus vite avec les infections invasives à méningocoques :
L’Institut Pasteur sonne l’alerte
L’Institut Pasteur a publié le 14 novembre 2023 un communiqué sur l’existence d’un important rebond « post-Covid » de cas d’infections invasives à méningocoques et alerte sur le risque de propagation au cours de la période hivernale.
L’Institut Pasteur s’appuie sur des résultats publiés dans la revue Journal of Infection and Public Health1 autour de l’augmentation des cas de cette maladie en 2022, après deux années de faible incidence due aux mesures barrières contre la pandémie de Covid-19.
Cette augmentation se poursuit avec, à l’automne 2023, un nombre de cas supérieur à la période qui a précédé la pandémie. 421 cas ont déjà été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36 % des cas par rapport à 2019, alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu.
Selon l’Institut Pasteur, cette augmentation pourrait s’amplifier dans les mois à venir avec l’épidémie de grippe saisonnière qui crée un contexte favorable au développement des bactéries méningocoques. Par ailleurs, tous les grands rassemblements, tels que les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 sont propices aux contaminations de manière générale et à la propagation de la méningite à méningocoques en particulier.
Les nouveaux cas déclarés sont majoritairement liés aux sérogroupes W et Y, qui étaient moins fréquents avant la pandémie, concernent davantage les 16-24 ans. A ce jour, il n’existe pas encore de recommandations en population générale contre les groupes Y et W. L’Institut Pasteur indique travailler avec la Haute autorité de santé pour contribuer à adapter la stratégie vaccinale à venir.
Ces conclusions confirment la mobilisation des acteurs au sein « MéninGO ! » pour renforcer la couverture vaccinale en France contre les infections invasives à méningocoques. Voici les réactions de certains membres de la coalition quant à la publication de ce communiqué :
■ Annie Hamel, secrétaire de l’association Petit Ange-Ensemble Contre La Méningite : « Depuis plusieurs mois, une recrudescence du nombre de cas de méningite à méningocoques est confirmée avec une évolution des sérogroupes et une modification des tranches d’âges ciblées. Cette recrudescence pourrait s’amplifier dans les mois à venir avec le pic hivernal. Dans ce contexte d’épidémiologie, l’association Petit Ange- Ensemble Contre La Méningite demande l’évolution, sans délai, de la stratégie de prévention vaccinale. »
■ Jimmy Voisine, président de l’association Méningites France – Association Audrey : « Depuis 2019, le problème a été soulevé en raison d’une augmentation des cas des méningites en France et en Europe. Les courbes de la grippe et des méningites identiques au cours de la période hivernale génèrent de l’inquiétude. Le communiqué de l’Institut Pasteur permet de soulever le problème d’un risque d’épidémie. Il a été demandé à plusieurs reprises aux autorités l’urgence de l’obligation de la vaccination des méningites avec le remboursement immédiat. L’OMS est aussi inquiète. »
■ Pr Catherine Weil-Olivier, professeure honoraire de pédiatrie : « Le rebond constaté en France, comme ailleurs, après les « années Covid-19 » d’un très grand nombre de maladies infectieuses est particulièrement net pour les infections invasives à méningocoques (IIM), dans toutes les tranches d’âge et pour les sérogroupes les plus fréquents. Le taux de couverture observé pour la vaccination recommandée en routine contre le sérogroupe B chez les enfants de moins de deux ans progresse mais reste insuffisant, et ne concerne pas l’adolescence (deuxième pic de fréquence des IIM). L’augmentation de l’incidence et du nombre absolu de cas dus aux sérogroupes W et Y, majorés depuis la fin de la pandémie, est un sujet de préoccupation à tous les âges maintenant, justifiant la réflexion actuelle de l’HAS, dont on attend les conclusions en termes d’évolution élargie des recommandations en termes de vaccins et de tranches d’âge concernées. »
■ Sandrine Orabi, responsable Affaires Publiques Vaccins chez Sanofi : « L’épidémiologie des sérogroupes de méningocoques est imprévisible. Pour cette raison, la France doit s’inspirer au plus vite de ses voisins européens (Pays-Bas, Belgique, Italie) qui protègent leurs nourrissons et leurs adolescents contre les sérogroupes circulants de cette maladie infectieuse évitable car chaque nouveau cas est un cas de trop. »
■ Claire Bernier, coordinatrice de la CPTS Val de Suippe (51) : « Les professionnels de santé ont tous leur rôle à jouer, que ce soit en amont en insistant sur la nécessité de se faire vacciner, afin d’éviter la surtension dans un monde médical déjà bien sollicité. Ou bien en aval, pour permettre aux personnes touchées par la maladie, ainsi que leurs aidants, leurs proches, d’accepter et de vivre au mieux leurs nouvelles conditions de vie parfois fortement altérées. Dans mon expérience de masseur-kinésithérapeute, j’ai pu apprécier les avantages de l’exercice coordonné au sein de ma communauté grâce aux relations établies avec nos partenaires : ma collaboration avec le prestataire de santé à domicile a permis d’équiper mes patients avec le matériel adapté à leur rééducation, et d’aménager au mieux leur environnement. »
A propos de MéninGO !
Créée à l’initiative de nile, « MéninGO ! » est une coalition d’acteurs de santé engagés pour faire de la lutte contre les infections invasives à méningocoques une priorité de santé publique. Cette alliance a pour but d’informer et de porter des propositions pour diminuer la prévalence des méningites à méningocoques au sein de la population et mieux accompagner les victimes de cette maladie.
Contact : Jérémy Odé, Consultant
06 81 63 00 63